Tes Samedis, le 45 tours de Double Françoise & Popincourt

Tes Samedis, le 45 tours de Double Françoise & Popincourt

Emouvant comme une remontada du Real Madrid en Champion’s League !

Je m’en voudrais de filer plus avant la métaphore footballistique mais ce fut pourtant mon immédiat ressenti lorsque, le casque sur les oreilles et longeant la Cité de la Musique chère à mon cœur, j’écoutai Tes Samedis pour la première fois.
C’était un petit matin frisquet. Un soleil timide tentait tant bien que mal de se faire une petite place au milieu des nuages et ce n’est certainement pas un hasard s’il se mit tout à coup à inonder la rue quand résonnèrent les premières notes de la merveille déclinée ici en deux versions.
Qu’elle concerne le ciel ou les choses du cœur, il est d’ailleurs souvent question de météorologie dans la plupart des grandes chansons pop – et Tes Samedis ne fait pas exception.

L’épatant duo Mauléonais Double Françoise, alliance – c’est le cas de l’écrire – de Maxence Jutel – musicien, arrangeur et producteur de première – et de son épouse Elisabeth – délicate émule de Françoise Hardy et d’Astrud Gilberto – conjugue ici son talent à celui de l’éminent Popincourt – fils tout à fait légitime de Paul Weller et de Joe Jackson et responsable d’une triplette d’albums de haute volée dans lesquels la nostalgie de ce qui fut et ne reviendra plus le dispute toujours à l’envie d’en découdre. A marriage made in heaven, pour résumer – et qu’ils soient trois importe peu.


Une basse élastique et une contrebasse électrique convoquent une féérie de Rhodes, de Wurlitzer et de Philicorda pour soutenir des chœurs parfaits ainsi qu’un chant gracile et délicieusement mutin évoquant le doux souvenir d’un pluvieux – mais manifestement exaltant – samedi parisien.
C’est bien simple : la perfect pop song, si tant est qu’elle existe, ressemble probablement à Tes Samedis.
Dire que cette chanson exquise, écartée in fine du programme de l’enchanteur We Were Bound To Meet, le troisième album de Popincourt, a bien failli – clameur d’effroi dans la salle – ne jamais voir le jour ! 
Assorti d’un bel artwork enluminé de délicates teintes automnales, voici un disque du genre superlatif qui parle au cœur, à l’âme et même aux jambes.



Lumineux, entêtant et romantique – soit tout ce que devrait toujours être la pop music – ce disque contribuera sans nul doute à façonner un monde plus beau dans lequel – plutôt que de n’être qu’un doux secret échangé entre initiés – il deviendra certainement, de Paris à Rio de Janeiro et du Groenland à Brisbane, un classique instantané et número uno dans vos cœurs – When Saturday Comes !

Mathieu David Blackbird, Paris – Mai 2024.